A peine arrivée à Belfort-Montbéliard pour quelques jours de vacances, ma soif de nouveaux défis me fixe un seul objectif en tête : l'ascension du Grand Ballon d'Alsace pour atteindre mon premier sommet et la route des Crêtes des Vosges pour plus de gourmandise ! Certes, on n'est pas encore au Mont Ventoux, mais le Grand Ballon ferait une belle première expérience avec une ascension de 1240m de dénivelé depuis Cernay (Haut-Rhin) en passant par le col Amic.
J'avais le luxe d'avoir une voiture-balai pour m'emmener au départ, convaincu aisément par l'itinéraire et ses paysages magnifiques. Départ donc à 9h pour un petit échauffement de 8km avant d'arriver à Cernay puis c'est parti pour l'ascension : Col Amic -> 14km / Grand Ballon -> 21km ! J'avais bien étudié mon profil altimétrique : 8km à 6% jusqu'à Vieil-Armand, puis 6km de "repos" en alternant petites descentes et montées jusqu'au col Amic et enfin le gros morceau de 7km jusqu'au Gros Ballon avec des dénivelés moyens de 7,5 à 8,9%.
Rien que le premier palier ne m'a pas semblé si facile. Mon petit plateau, qui me donnait l'impression d'avoir bien de la marge dans nos côtes du Vexin, a été rapidement mis à rude épreuve. Mais finalement, après 8km de dure labeur, place à l'euphorie d'une première descente et la satisfaction d'avoir déjà parcouru la moitié. Ce n'était en fait que l'apéritif ; après le col d'Amic, le plus dur est à venir : la sortie de la forêt me laisse apercevoir le fameux Gros Ballon qui me nargue, et p*tain ce qu'il parait haut et loin !
Je commence dès le début sur le plus petit pignon, les panneaux kilométriques défilent avec les pourcentages qui oscillent entre 7 et 8,5%. Les kilomètres sont de plus en plus difficiles mais la vue qui se dégage sur les Alpes autrichiennes donne un mince regain d'énergie. Motivation vite refoulée par l'annonce de 8,9 % de dénivelé à 3km de l'arrivée. Le moral et la vitesse descendent au fur et à mesure que les pourcentages augmentent, d'autant plus que de rapides calculs m'indiquent que ça ne descendra plus en dessous de 8% jusqu'à la fin. Le regard fixé sur mon compteur qui n'avance vraiment pas assez vite, mon projet initial de poursuivre par la Route des Crêtes commence à tomber à l'eau. J'espère juste finir ce maudit sommet et je profiterai aussi bien de la route des Crêtes en voiture..
Heureusement, le mental reste supérieur à tout le reste et mètre par mètre, ma soif de réussite me permet de terminer la dégustation de ce Grand Ballon !
Ma voiture-balai m'attendait sagement au sommet pour faire quelques belles photos de "l'exploit". Suivant les bons conseils de Papa, j'avais emporté mon coupe-vent de l'ACSC, qui ne m'aura d'ailleurs servi que pour les photos aux couleurs de Cormeilles. Finalement les jambes sont encore là pour grimper à pied les quelques mètres un peu escarpés qui m'éloignent du sommet du Grand Ballon et de sa vue sur les Vosges et les Alpes.
Un Baudet n'en serait pas un s'il n'était pas têtu et gourmand ! Après avoir bien profité de la vue, dégusté une part de Flammekueche, j'ai relu le menu du jour : les 29km qui m'éloignaient du col de la Schlucht avec “seulement” 400m de dénivelé positif, ce n'était que l'accompagnement de ce beau gibier que je venais de déguster !
Je repars donc tout sourire et pleine d'appétit sur cette fameuse route des Crêtes, entre monts et cols, dans des forêts aux couleurs surprenantes d'automne. Pendant toute l'ascension du Grand-Ballon, j'avais maudit mon programme initial beaucoup trop gourmand ; mais finalement les quelques côtes (Markstein, Hohneck,...) étaient désormais d'une facilité déconcertante et les descentes grisantes. Les paysages vosgiens et alsaciens qui défilaient étaient époustouflants (peut être embellis par l'effort ?) et je n'ai pas regretté une seule seconde de ne pas m'être contentée du Grand Ballon !
Une fois le col de la Schlucht dépassé sans difficulté, je n'étais plus qu'à 16km du bout ! Même si je commençais à être repue, il reste toujours de la place pour un bon dessert => dernière étape, le lac Blanc en passant par le Tanet, le Gazon du Faing et le col du Calvaire.
Au total, ce qui aurait pu être 1790m de dénivelé de pure galère s'est transformé en 73,5km de pur bonheur ! Le Lac Blanc déjà magnifique, l'est d'autant plus avec ce sentiment de satisfaction ! Le cuissard laisse place aux tongs et au débardeur. Dommage que la baignade soit interdite car même si l'eau était fraiche, j'avais bien envie d'y plonger la tête la première, après avoir cuit toute la journée au soleil.
Pour le digestif, rien de mieux que de rentrer par la route des vins, cette fois-ci en voiture, pour terminer cette journée en beauté entre les vignes et les petits villages alsaciens et se remettre agréablement de cette escapade !"
Merci à ceux qui ont pris le temps de lire ce récit. J'espère que ces sommets seront les premiers d'une longue lignée, mais promis je ne vous ferai pas un récit similaire à chaque fois (le Mont Ventoux aura tout de même droit à son chapitre un jour !)
Je vous souhaite une très bonne semaine à tous !
Pauline