GRAND RAID
La Réunion 22 au 25 Octobre 2015
Bonjour à tous. De retour mardi matin et direct au boulot dans la foulée. Voila, la course est terminée et j’ai réussi à passer la ligne d’arrivée dimanche vers 12 heures, après plus de 62 heures de course non stop … Jeudi 22 octobre, il tombe des cordes 1/2 heure avant le départ puis à 22 heures, c’est parti, comme d’habitude, avec un train de course soutenu pendant 2 heures et 14 km de montée. Ravitaillement rapide puis entrée dans la forêt de goyaviers en file indienne (dépassement impossible) puis les bouchons commencent et je piétine sur place. Ça n’avance plus, on se refroidit, tout est trempé, je commence à me dire que c’est le début des emmerdes … je suis ralenti au minimum 2 heures, puis ça repart et j’essaye de remonter pour avoir de la marge aux barrières horaires et me reposer un peu mais ce n’est pas si simple. Les km et les heures défilent et il ne pleut pas, donc tout peut s’arranger … 18 heures plus tard, je retrouve mon fils qui est à Cilaos. Je le vois 2 minutes mais ça réchauffe et donne des larmes. Je repars après un changement de maillot et de chaussettes. Je me dirige vers le col de Taïbit pour basculer dans le cirque de Mafate de nuit. Il fait très froid. Je mets un coupe-vent. Au poste de Marla, il y a un bon ravito mais impossible de m’alimenter je vomis à chaque bouchée… et c’est reparti, je traverse une petite rivière au pied d’une cascade et mets le pied gauche dans l’eau et je ne veux pas perdre de temps à changer de chaussettes. De nombreuses heures plus tard, avec une fille et un gars, nous courons ensemble pour maintenir le rythme, je suis devant et cherche avec impatience le poste de l’îlet à Bourse. Dès que je l’ai en vue, je fonce. Le chef de poste scanne mon dossard et me dit : « tu es hors délai (3 minutes). Je récupère ton dossard (95 km) ». Là, c’est la bête qui parle, je m’emporte et lui dit : « certainement pas, tu me dois 2 heures de bouchons ». Je continue. Les 2 collègues eux s’exécutent et abandonnent. Je reprends de la vitesse pour arriver en avance au poste suivant et ça marche, le scan sur le dossard ne marche pas mais celui du sac à dos fonctionne, donc je suis heureux d’avoir continué. Je passe un coup de fil pour dire que je suis toujours en course. Après de nombreuses heures sous le soleil et un dénivelé de 3000 m, j’arrive à Grand Place, dernier îlet de Mafate et devant, se dresse un mur de 750 m en plein cagnard et pas un arbre, je ne suis pas sûr d’avoir la force de franchir cette forteresse. Je m’accroche à un groupe de Réunionnais qui me disent que cela passe en 2 heures. C’est bon, j’arrive au sommet et surprise, Vincent, mon fils, est là et m’encourage… il m’a préparé un ravito maison (patate douce, œuf dur, jus d orange). Je change de chaussette et découvre que mon pied gauche a macéré et la peau est toute blanche et distendue. Je n’ai pas le choix, je repars comme ça mais ça fait mal dans toutes les descentes. Une vingtaine d’heures plus tard, je suis au dessus de Saint Denis et j’aperçois le stade de La Redoute et la ligne d’arrivée. 2 heures de descente et à 500 m, je cours comme un lapin jusqu'à la ligne. J’arrive enfin au bout, après 62 heures, on me donne un tee-shirt de survivant mais il n’y a plus de médailles car ils pensaient qu’il y aurait 50 % d’abandons. Mon dossard a bien été scanné à l’arrivée mais je ne vois pas apparaître mon classement dès le lendemain. On verra bien. De toute façon, je dépose les armes et ne recommencerai pas cette diagonale déjà terminée deux fois. Voila un petit récit (un peu long) mais il y a tant à raconter. Maintenant je récupère un peu, 5 kg en moins de 62 heures sans dormir une seule minute, la bête à tenu..
A bientôt. Claudius.